Quantcast
Channel: One Shot Music » Reportages
Viewing all articles
Browse latest Browse all 3

Reportage : Le Galion, antre portuaire du Rock

0
0

Le 12 avril, OSM a envoyé une équipe de choc en reportage au fin fond de la Bretagne. Bon pas exactement au fin fond, en fait c’était à Lorient. Une expédition montée dans un seul but : découvrir le Galion, ancien bar de dockers qui écrit sa légende depuis quelques années en tant que scène rock, punk, metal, stoner, etc. Enfin une légende à base de rifs de guitare et de cheveux longs quoi…

Remonter la N24 jusqu’à Lorient ce n’est pas tout à fait remonter le fleuve d’Apocalypse Now, mais presque.

Ce reportage est une aventure, un périple, qui doit nous emmener dans l’antre de l’un des bars les plus intéressants de la région, le Galion.

Tout commence par un changement de roue. Normal.

Ça pourrait être pire, il pourrait pleuvoir, mais il fait beau. Heureusement, parce que malgré l’ingéniosité des gars de chez Peugeot, lorsque c’est une première on galère un peu. Les mains pleines de cambouis, nous reprenons la route. Nous passerons sous silence la première véritable épreuve qui nous attend à mi-chemin. The horror. La démonstration cumulée de la noirceur humaine et de sa vanité. Juste un conseil, si vous avez le malheur de vous approcher de la ville de Josselin, ne vous fiez pas au panneau ventant « petite cité de caractère de Bretagne ». Et surtout, surtout, n’ingurgitez aucun des mets dont le nom (tarte paysanne, poulet au Curry ou tarte au pomme) pourrait donner l’impression qu’ils sont comestibles. Tentant d’oublier (fuck le devoir de mémoire) et de digérer cette mésaventure culinaire, nous nous approchons peu a peu de Lorient.

Passons aux choses sérieuses. Le port de Lorient dépasse toutes nos espérances. Un entrelacs de mer et de métal plus ou moins rouillé. De bâtiments industriels modernes et de béton allemand. De carcasses de bateaux et de coques rutilantes. Perdus dans ce labyrinthe, tour-à-tour décrépi et actif, nous errons à la recherche de ce fameux bar, le Galion.

Bar ouvrier de jour, à l’origine conçu pour étancher la soif des hommes de la mer qui hantent le port de commerce, son objet change en même temps qu’évolue la vie du port. Avec de moins en moins de pêcheurs et de plus en plus de délocalisations, il devient difficile de faire marcher le bar. C’est là qu’intervient Jean-Baptiste. Il y a six ans il s’associe avec la propriétaire historique du bar et prend en charge les soirées en organisant des concerts qui deviendront peu à peu cultes.

Il est dix-sept heures, nous arrivons enfin dans ce fameux lieu de perdition et pénétrons dans une grande pièce dont la décoration vintage et grunge est clairement le fait d’un véritable amas au fil du temps et non d’une mise en scène artificielle. Des pouce-pieds apportés par quelques pêcheurs remplacent les cacahouètes et une brutal bitter, bière locale brassée par un « métaleux roux avec des cheveux comme ça », nous fait oublier le désastre gastronomique conté plus haut.

Pendant que le révérend James Leg, claviériste et chanteur texan habitué du Galion dans le cadre de ses précédentes tournées européennes, enchaine les verres de whisky et les bières, nous discutons avec Jean-Baptiste. Passionné par ce qu’il fait, mine d’anecdotes sur tout ce que le monde compte de groupes punk, rock et assimilé, il nous raconte les difficultés qu’il peut y avoir à insuffler de la vie dans une ville telle que Lorient. Son idéal ? Rennes il y a vingt ans. Mais entre le manque de dynamisme du quartier, les autres bars, pourtant nombreux, qui sont pour la plupart restés dans la configuration classique du bistro ouvrier, et les contraintes légales qui obligent a des dépenses incessantes pour se mettre aux normes, la réussite du Galion relève d’autant plus du tour de force. Adoubé sur scène “Roi du rock & roll” lors du concert des Spoils (à coups de scie au lieu de la traditionnelle épée de chevalier), J-B semble malgré les difficultés absolument ravi des différents concerts qu’il a organisés (en gros 2 par semaine, pendant 6 ans !). Ce rêve de gamin s’est transformé en une certaine fierté lorsqu’il voit le résultat de son travail de forçat.

Pour lui le meilleur est à venir, et comme sa « Porsche c’est quand 6FTHick vient », il est juste ravi d’entendre Al Foul, un groupe de rockabilly US, affirmer que s’il y a un endroit ou se produire en France c’est bien Le Galion !

Pendant que le révérend et son batteur torchent la balance en 5 minutes top chrono, à la joie de l’ingénieur du son qui peut retourner à sa bière, J-B continue. Il raconte la bonne ambiance dans laquelle se déroulent les concerts. « Les rockers sont de gros nounours, à la limite les seuls qui sont susceptibles de causer des problèmes sont parfois des vieux pécheurs alcoolisés (rires). » Les artistes apprécient aussi l’accueil chaleureux dont ils font l’objet. J-B les héberge souvent chez lui et sa passion est visible et communicative.

Vers 19 heures, le batteur qui accompagne James Leg vient prendre un verre au bar. Il s’appelle Matthieu, est français et revient des États-Unis où il a accompagné le révérend pour sa tournée pendant trois mois. Professeur de batterie au conservatoire d’Angoulême, il a monté moult projets musicaux dont une série de reprises de Nirvana qui lui a permis de se produire au Grand Rex, pour célébrer l’anniversaire de la mort de Kurt. Il est plutôt heureux de pouvoir vivre de sa passion et de traverser l’Europe en mini-van. Il regrette un peu de pas voir plus souvent sa femme et son enfant mais globalement, ça va.

La nuit tombe et le bar commence a se remplir. Le dernier docker de Lorient est là. Un photographe amateur aussi. Il a trouvé l’astuce : plutôt que de prendre en photo les artistes, ce sont ces derniers qui sont chargés de faire son portrait !

22 heures, un énième verre de whisky descendu et James Leg monte sur scène.

Et là c’est la déflagration. Toute l’attente du révérend l’après-midi semble n’avoir eu lieu que pour cet instant. Tous ces verres de whisky descendus comme au far west n’étaient rien qu’un palliatif pour arriver tant bien que mal à ce moment. Ces gens vivent par la musique.

Parlons-en de la musique. Les doigts squelettiques de James Leg dansent sur le clavier, un antique synthé Fender Rhodes au son caractéristique. Sa virtuosité et l’énergie qu’il développe font mouche. Sa voix rocailleuse et gutturale pour sa part prouve qu’il ne fait pas que semblant de fumer et de boire. Matthieu, le batteur qui l’accompagne pour ce duo radical, semble vouloir transpercer les peaux tendues sur ses fûts. Le jeux est sec et brut, les morceaux s’enchainent, respectueux de l’appellation “Rhythm & Roots”. C’est brut de décoffrage, énergique, ça transpire l’Amérique profonde et poussiéreuse.

James Leg — Fire And Brimstone @ Le Point Ephémère

Le révérend s’arrête pour réclamer un autre verre. Il enchaîne :

Here is a song called “Drinking Too Much.” It’s about drinking too much.
I don’t drink too much…
But I’ve been told! »

Puis, lorsqu’il se propose de jouer un gospel,

 I’ve got to drink a glass of whisky before I speak about Jesus. »

A peine le concert terminé il est déjà accoudé au bar, sans doute pour boire à la santé de Lorient et du Galion. Pour notre part, nous rentrons en voiture, comme dans un rêve, la route illuminé d’une lune rouge sang. Apocalypse now vous disais-je.

Clément & Lucas pour OSM

Infos pratiques

Le Galion, 2 Rue Florian Laporte  56100 Lorient, France

Le MySpace pour se tenir au courant des prochaines dates (deux par semaines, vous avez le choix…) et découvrir l’univers musical du Galion.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 3

Latest Images

Trending Articles





Latest Images